Problématique : « Il enrichit le père, mais ruine le fils »
Dans la région du Kongo Central, l’agriculture itinérante est encore une pratique courante. Celle-ci, ancrée sur les systèmes de métayage coutumier, consiste à défricher des terrains boisés et d’y conduire un ou deux cycles de cultures sans amendement (apport organique pour maintenir le niveau de fertilité du sol), avant de délaisser le terrain pour une autre parcelle à défricher. Ce système et la pratique d’écobuage qui y est associée (« agriculture sur brûlis »), est ancestral (on retrouve des traces écrites de l’utilisation de l’écobuage par Xénophon aux alentours de 350 avant J.-C.) et peut s’avérer avantageux sous certains aspects : défrichage à moindre coût, fertilisation grâce aux cendres et régénération avec des jachères assez longues. Mais dès que la pression foncière augmente, le temps des jachères raccourcit et les terres n’ont plus le temps de se régénérer avant la défriche suivante. Après quelque temps, un phénomène de « savanisation » apparaît, avec une situation difficilement réversible vers des sols sains. Comme le dit le proverbe à propos de l’écobuage : « il enrichit le père, mais ruine le fils ». Lorsque leurs ressources naturelles (forêts et terres fertiles) diminuent, les populations riveraines sont « poussées » vers la réserve de biosphère, où les activités qu’ils y pratiquent (collecte du bois, production de charbon, chasse) continuent à ronger le cÅ“ur de la forêt, petit à petit.